I
6.
La Balle Empoisonnée,
1925

Ici, on suppose la photographie comme étant au cœur de notre représentation, la considérant comme un élément à la fois fondamental et éphémère de notre propre figuration. On souligne la précarité du médium et du discours, évoquant aux prémices des archives photographiques abandonnées, souvent sans auteurs ni signatures, ces images témoignant de la fragilité de l'existence de ces personnes. C’est une interrogation sur la portée persistante et éphémère de l'image après sa production, soulignant la relation des Humains avec les photographies, les considérant parfois comme une matière vivante. La photographie se renouvelle au-delà de l'image, trouvant sa vitalité dans la matière, au-delà de son obsolescence à la fin du XXe siècle. Les avancées technologiques ont profondément impacté la diffusion des images, entraînant leurs surabondances et remettant en question leurs durabilités. Cela interroge la pertinence de produire des images ainsi que l’importance de leur pérennité. Ces réflexions sur l’évolution et la durabilité constituent des enjeux majeurs auxquels la photographie est confrontée.
6. La Balle Empoisonnée, 1925.
Février 2024, 72 pages, 18x23

II
III
Chapitre annexe, Le devenir d'un geste
L'image fantôme, photo de famille

C'est un patrimoine qui a disparu, laissant derrière lui l'image invisible des frères de leurs pères. Ces images continuent de vivre dans l'imaginaire, nourries par les récits et les souvenirs. Ceux que j'imagine quand ma mère me décrit leurs physiques, des visages similaires à ceux de mon grand-père, j'imagine. Le visage fin et allongé, les pommettes saillantes et les joues creusées, les yeux noirs. Ces descriptions sont des ponts entre le passé et le présent, une tentative de maintenir vivantes des figures qui ne sont plus là, des visages que je ne verrai jamais de mes propres yeux, ni vivants, ni morts. Patrimoine, d'un père à son fils, perdu dans la luxure d'un geste qui a oublié l'héritage d'une famille derrière lui. Par vengeance, elle l'a jeté, détruisant derrière elle la seule trace qu'une famille avait de ses descendants. Une rancune particulière dans cette perte, dans ce geste, dans cet héritage qui s'arrête avant même d'avoir pu être partagé. Une déception de ne jamais pouvoir avoir la vision de ces visages, ensemble, avant de se séparer.
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